Pour y répondre, Le Monde, journal français de référence, considéré comme le quotidien du pays le plus lu et le plus diffusé, en propose ici quelques éléments de réponse objectifs.
9 milliards d’euros, c’est plus ou moins la somme d’argent que la France jetterait par la fenêtre européenne chaque année. Selon certains eurosceptiques, il faudrait récupérer cet argent, quitte à sortir de l’Union européenne. Le problème, c’est que ce calcul est carrément simpliste et trompeur.
Ces dernières années, la France, comme d’autres pays européens, est un contributeur net, c’est-à-dire, qu’elle a donné plus d’argent à l’Union européenne qu’elle en a reçu. La différence étant, par exemple, en 2016, de 8,2 milliards d’euros. C’est une belle somme mais il est abusif de dire que cet argent est simplement gâché. Même s’il est investi ailleurs sur le long terme, il peut profiter à la France. Mais comment ?
Par exemple, une partie du budget est destinée au développement de routes ou de lignes de trains qui permettent de mieux relier les villes européennes entre elles. L’Union européenne investit en ce moment plusieurs centaines de millions d’euros dans la ligne ferroviaire transalpine qui permettra de rallier Paris à Milan en quatre heures contre sept en 2019. Et ça, ce sont des investissements qui peuvent doper les échanges commerciaux ou le tourisme en France. Des sommes importantes partent aussi dans de grands projets européens comme les programmes de surveillance de la terre Copernicus ou de navigation par satellites Galileo. Non seulement la France tire profit des données qu’ils produisent, mais en plus ces projets spatiaux génèrent de l’activité économique pour les fusées d’Ariane qui emploient des milliers de Français. Si on se place du point de vue des euro-sceptiques, cela importe peu car nous aurions des besoins plus importants dans notre pays qui nécessite de récupérer ces milliards perdus à l’Union européenne.
On pourrait effectivement imaginer qu’en quittant l’UE, on économiserait chaque année ces quelques milliards d’euros, mais il ne faut pas oublier que notre contribution budgétaire est aussi un droit qui donne accès à de nombreux avantages propres à l’Union européenne. Le commerce de la France a doublé grâce à l’UE. Le poids diplomatique est aussi un bienfait. On peut aussi citer la coopération sécurité entre les justices européennes : par exemple, en 2016, grâce au mandat d’arrêt européen, le terroriste français Salah Abdeslam a été remis à la France par la Belgique en seulement deux mois quand il fallait auparavant des années de procédure d’extradition.
Côté inconvénients, la participation à cette Union nécessite de renoncer à une partie de notre souveraineté et ajoute de la complexité à l’organisation administrative de l’Etat membre.
Certes, il est difficile de hiérarchiser tous ces avantages et ces inconvénients, reste qu’il est probablement plus honnête d’essayer de les prendre en compte lorsqu’on fait le bilan de l’Union européenne.