Dans un monde en perpétuelle mutation, les mouvements de protestation se multiplient, reflétant des mécontentements profonds au sein des sociétés. L’émission « Le Dessous des Cartes » sur ARTE, reconnue pour ses analyses géopolitiques approfondies, a récemment diffusé un épisode qui explore les tensions suscitées par l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, signé le 6 décembre 2024 après 25 ans de négociations. À travers des cartes et des données précises, cette analyse met en lumière les facteurs économiques, environnementaux et politiques qui alimentent ces colères contemporaines, surtout au sein de l’Union européenne.
Le Mercosur ?
Le « marché commun du Sud », connu sous le nom de Mercosur (euuuh mais attends ça ne correspond pas aux initiales !? En effet, ça vient de l’espagnol : Mercado Común del Sur), est une zone favorisant la libre circulation des biens et des servicesen Amérique latine. Il réunit cinq pays : l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie. Cette dernière, qui a rejoint le bloc en 2024, dispose de plusieurs années pour adapter ses règles à celles du Mercosur. Le Venezuela, en revanche, a été suspendu en 2016 pour des violations des droits de l’homme et des crises politiques. D’autres pays comme le Chili, la Colombie, l’Équateur, le Guyana, le Pérou et le Suriname y participent en tant que membres associés.
Les membres du Mercosur développent une politique commerciale commune et coordonnent certaines de leurs politiques. Des efforts d’harmonisation législative facilitent les échanges entre ces pays. Par exemple, ils travaillent à supprimer les frais d’itinérance téléphonique pour leurs citoyens voyageant dans un autre État membre, s’inspirant du modèle européen.
Fondé le 26 mars 1991 avec le traité d’Asunción, signé au Paraguay, le Mercosur est parfois considéré comme le troisième bloc économique mondial, après l’Union européenne et l’ALENA (Canada, États-Unis, Mexique). Il regroupe plus de 80 % du PIB de l’Amérique du Sud.
C’est quoi l’accord UE-Mercosur ?
L’accord vise à créer une vaste zone de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur, en supprimant la majorité des droits de douane entre les deux blocs.
Cependant, cet accord suscite de vives inquiétudes, notamment parmi les agriculteurs européens. Ils redoutent une concurrence déloyale de produits agricoles en provenance d’Amérique du Sud, où les normes environnementales et sanitaires sont moins strictes (par exemple pour les normes encadrant l’utilisation de pesticides). Par exemple, en Argentine, l’élevage bovin est souvent industrialisé, avec des parcs d’engraissement regroupant jusqu’à 10 000 bêtes nourries aux OGM.
Les critiques pointent également les risques environnementaux associés à l’augmentation des exportations agricoles du Mercosur, notamment la déforestation en Amazonie. De plus, des préoccupations subsistent quant à la capacité des produits importés à respecter les normes sanitaires européennes.
Malgré ces controverses, l’accord offre des opportunités économiques pour les deux parties. Il prévoit notamment un accès accru aux marchés publics et la protection des indications géographiques européennes. Toutefois, avant son entrée en vigueur, l’accord doit être ratifié par les parlements des 27 États membres de l’UE et des pays du Mercosur, un processus qui pourrait s’étendre sur plusieurs années.
En conclusion, l’accord UE-Mercosur représente un enjeu majeur, reflétant les tensions entre libéralisation du commerce et protection des standards environnementaux et sociaux. Il illustre les défis auxquels sont confrontées les sociétés contemporaines dans un monde globalisé.
Et après ?
Après plus de 25 ans de gestation, le texte a été validé mais la fin des négociations n’est pas synonyme d’entrée en vigueur de l’accord, loin de là. En ce qui concerne l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, le processus de ratification suit généralement trois grandes étapes :
- Signature par la Commission européenne : La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, signe l’accord au nom des Vingt-Sept, après consultation des États membres.
- Validation par le Conseil européen : Les chefs d’État ou de gouvernement votent selon le principe de la majorité qualifiée (15 pays représentant 65 % de la population).
- Vote du Parlement européen : Le Parlement se prononce à la majorité simple pour valider ou rejeter le texte.
Si ces étapes sont validées, le traité peut entrer en vigueur en quelques mois.
Cependant, l’accord UE-Mercosur est particulier. Il s’agit d’un « accord mixte », ce qui signifie qu’il inclut des dispositions relevant des compétences nationales. Dans ce cas, la procédure se complique : le Conseil européen devrait voter à l’unanimité (permettant à chaque pays, comme la France, d’avoir un droit de veto) et l’accord devrait être approuvé par une trentaine de parlements nationaux et régionaux. Ce processus pourrait durer plusieurs années.
A suivre donc…